Résumé : |
Cette thèse aborde la problématique du rapport entre ville et commerce.
Depuis un siècle, la recherche urbaine est venue rappeler avec constance l’existence d’une relation d’évidence entre ces deux termes. Cette relation est pourtant interrogée par un phénomène de découplage croissant entre l’évolution des surfaces de commerce et l’évolution de la consommation
des territoires. Cette recherche avance l’hypothèse que ce découplage témoigne d’un processus de « déterritorialisation » du commerce, au sens où l’activité de ce secteur relève désormais en majorité de grandes entreprises intégrées ou de conglomérats d’activités qui, dans le sillage des firmes globales, développent de nouvelles stratégies de développement au sein de chaînes de valeur globale, dont l’un des effets majeurs est de les émanciper des contraintes d’implantation sur un territoire donné, qu’il soit national, régional, voire local.
En des termes régulationnistes, les mutations du mode d’accumulation du commerce définissent un nouvel espace économique tendant à se dissocier de l’espace politique de sa régulation par les territoires. La démarche s’engage sur une réflexion épistémologique visant à révéler les hypothèses fondatrices du cadre d’analyse de cette relation réputée « d’évidence », entre ville et commerce. Elle se poursuit par un questionnement de ces hypothèses, mené à partir de la mesure empirique de deux
phénomènes de disjonction entre l’évolution de la fonction commerciale et l’évolution de la structure commerciale des villes. La question de la vacance commerciale est particulièrement traitée. Elle s’achève par la proposition d’un cadre d’analyse du rapport entre ville et commerce revisité à travers le concept de déterritorialisation. |